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Headless CMS et SEO : un mix performant ?

Lucas Perrosé . 09 mai 2021

Les CMS « headless » ont, depuis quelques années, le vent en poupe grâce aux nombreux avantages en termes de développement et d’animation qu’ils promettent. Les multiples solutions aujourd’hui disponibles sur le marché participent à la démocratisation des headless CMS, mais reste à savoir si ces derniers sont compatibles avec les exigences SEO.

Qu’est-ce qu’un headless CMS ?

Les systèmes de gestion de contenus classiques tels que WordPress ou Drupal sont appelés des CMS couplés. Ces solutions gèrent à la fois l’écriture des données en base, leur édition via une interface utilisateur et la diffusion de ces données aux utilisateurs finaux (affichage des contenus). Un site web construit à partir d’un CMS couplé, traditionnel, est entièrement dépendant de ce dernier pour son administration. En utilisant WordPress, par exemple, chaque action sur le site web (créer une page, modifier le design de certains templates,…) implique de suivre des règles et contraintes définies par le fonctionnement même du CMS.

fonctionnement cms couplé
Un CMS traditionnel est lié au back-end, au front-end et à la base de données @Storyblock

Un CMS dit « headless » sépare la donnée (back-end) de sa présentation (front-end). Le système responsable de l’édition du contenu d’une page n’est pas celui responsable de son affichage pour l’utilisateur final. Le CMS headless se concentre uniquement sur les données d’un site, il ne permet donc pas de gérer la présentation de ces données, qui nécessite des API permettant de transférer les différents contenus du CMS à l’utilisateur.

fonctionnement headless cms
Le CMS headless sépare le back-end du front-end @Storyblock

Headless CMS : avantages et inconvénients

Le principal argument en faveur des CMS headless est celui de la flexibilité. D’une part, la présentation des contenus n’étant plus contrainte par le système de gestion, les développeurs peuvent sans souci coder sur des langages modernes (JavaScript) et s’affranchir des limites des CMS couplés. D’autre part, les CMS headless sont pensés pour diffuser un même contenu sur une multitudes de devices : site web, application,… Il est ainsi plus facile, pour une marque, de relayer un même contenu sur des appareils différents, avec un format toujours parfaitement adapté. Enfin, puisque la diffusion de la donnée est gérée par API, il est possible de modifier facilement la présentation des différents contenus d’un site ou d’une app sans besoin de les éditer en back.

Les CMS headless présentent également plusieurs inconvénients qui peuvent, selon les projets, les rendre moins appropriés que les CMS traditionnels, à commencer par la prévisualisation des contenus qui n’est souvent pas native et peut s’avérer compliquée à obtenir. De même, il n’est pas possible de mettre en forme un contenu depuis une interface WYSYWYG (comme le propose de base une solution comme WordPress) puisque, par définition, le back est séparé du front dans une architecture headless. La plupart des modules proposés par les CMS couplés ne sont également pas disponibles nativement dans un CMS headless, ce qui peut impacter le temps et le coût du développement. Enfin, le développement du front en SPA ou en full JavaScript pose de sérieux problèmes SEO (voir plus bas).

Les principales solutions Headless CMS

De nombreux acteurs se sont positionnés sur le segment des CMS headless. Parmi les principaux, peuvent être cités : Sitecore, Front-Commerce, Contentful, Sanity, Strapi, Magnolia, Contentstack, Netlify, Kentico Kentent,… A noter également les solutions comme REST API (WordPress) et RESTful (Drupal) permettent de transformer un CMS couplé en CMS headless.

Les enjeux SEO des CMS headless

Un CMS headless présente des avantages et inconvénients à l’optimisation SEO. S’il peut nativement présenter des risques élevés au positionnement d’un site dans les résultats de recherche, il offre également des bénéfices au regard des critères de ranking actuels.

Headless CMS et SEO : les avantages

La flexibilité évoquée plus haut, argument fort en faveur des CMS headless, est également un atout pour le SEO. Le front pouvant être bâti sans les contraintes du back, il est possible de construire un site parfaitement optimisé pour les bots des moteurs de recherche. Attention toutefois, cette force des CMS headless est aussi une faiblesse (voir plus bas). S’il est en théorie plus facile de déployer des optimisations SEO avancées sur un CMS headless, celà exige une préparation spécifique et peut nécessiter du temps de développement.

Autre avantage SEO des CMS headless : les performances de chargement. Les sites développés à partir de ces solutions affichent généralement des scores de vitesse avantageux, ce qui aide à leur exploration par les bots et à améliorer leur positionnement dans les résultats de recherche. Et alors que Google s’apprête à intégrer les critères de rapidité Core Web Vitals dans son algorithme de ranking, la question des performances des sites web reste pleinement d’actualité.

google core web vitals
Les nouveaux critères de performance de Google : Core Web Vitals

Headless CMS et SEO : les inconvénients

Les CMS headless présentent deux grandes problématiques SEO. La première réside dans l’impossibilité d’éditer nativement des balises capitales pour le SEO comme le title, l’attribut alt d’une image ou la meta description d’une page. Si la plupart des solutions mettent à disposition des modules permettant d’optimiser ces éléments, leur mise en place est donc essentielle dès la phase de construction du site via un CMS headless.

La seconde difficulté SEO est liée au langage JavaScript, souvent employé en complément des CMS headless par des équipes de développement promptes à utiliser des langages de programmation modernes. Hors, le JavaScript étant encore difficilement interprété par Google (et pas du tout par les autres moteurs), un site développé à partir d’un CMS headless pourrait être illisible et non explorable par les bots, et donc incapable de se positionner dans les résultats de recherche. Cette problématique, identique à celle posée par les SPA (Single Page Applications), impose la mise en place d’un service de pré-rendering (SSR, SSG, ISR…), qui traduira dans un format HTML standard et lisible pour les bots les contenus du site.

google javascript crawl
Le processus d’interprétation du JavaScript par Google peut nécessiter beaucoup de ressources, qui ne sont pas toujours disponibles. Proposer une version HTML aux bots leur permet de lire et explorer le contenu immédiatement.

Natif, un CMS headless n’est donc pas SEO friendly : des développements spécifiques seront nécessaires pour permettre d’intégrer des optimisations, même les plus banales généralement couvertes par les CMS classiques. Migrer d’un CMS couplé à headless sans validation SEO pourrait donc avoir de lourds impacts sur le positionnement, le trafic et les revenus organiques d’un site. Cependant, avec des logiques SEO embarquées dès sa conception, un CMS headless pourrait atteindre un niveau d’optimisation supérieur à ce que pourrait proposer un CMS traditionnel, grâce à une flexibilité inégalée en termes de développement.

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